Appel à la grève chez Radio France : au bord d’une crise sociale

Guillaume Meurice a été suspendu par la direction de Radio France pour avoir réitéré ses propos sur le Premier ministre israélien. Une suspension qui a fait réagir la rédaction et les syndicats qui appellent à la grève. / Photo : Capture d’écran YouTube/FranceInter

MÉDIAS – Après la suspension de Guillaume Meurice et le risque de le voir se faire licencier en raison d’une blague, les syndicats de Radio France appellent à une grève générale ce dimanche.

Combattre “la fin de la répression de l’insolence et de l’humour” et mettre fin aux “menaces” qui planent sur des émissions, notamment celles de France Inter, c’est ce qu’indiquent les six syndicats de Radio France (CGT, CFDT, FO, SNJ, SUD, UNSA). Les six syndicats appellent à la grève le dimanche 12 mai dans un contexte social très dégradé, notamment au sein de la station France Inter.

Guillaume Meurice, l’humoriste qui dérange

Guillaume Meurice est un humoriste, chroniqueur et écrivain français. Il est notamment connu pour ses interventions humoristiques dans différentes émissions de radio et de télévision en France. Meurice s’est fait connaître du grand public grâce à ses chroniques décalées et engagées dans l’émission de radio “Par Jupiter !” sur France Inter, animée par Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek. Il y aborde souvent des sujets d’actualité avec un humour caustique et une bonne dose d’ironie. En plus de sa carrière à la radio, Meurice est également un habitué de la scène comique, se produisant régulièrement en one-man-show. Il a notamment écrit et joué plusieurs spectacles où il explore avec humour et sarcasme divers thèmes de société. Guillaume Meurice est également l’auteur de plusieurs livres, souvent en lien avec ses chroniques et son humour engagé. Son style se caractérise par un mélange d’humour noir, de satire sociale et de réflexion politique.

Le 02 mai dernier, Guillaume Meurice a annoncé sur son compte X sa suspension du micro : “Pour des raisons indépendantes de ma volonté, je ne participerai pas aux deux prochaines émissions “Le Grand dimanche Soir” sur France Inter” explique l’humoriste. Guillaume Meurice a été convoqué à un entretien préalable en vue d’une éventuelle sanction disciplinaire, cette sanction pouvant aller jusqu’à la rupture de son contrat de travail pour faute grave : “Il m’est intimé l’ordre de cesser toute activité professionnelle à Radio France“.

En cause : des propos “polémiques” réitérés sur Benyamin Nétanyahou, les mêmes propos ayant été tenus à la fin du mois d’octobre 2023. Ces mêmes propos lui avaient coûté une suspension et une mesure disciplinaire en fin d’année. D’ailleurs, le procureur avait requalifié ces propos de “blague”, ce qu’avait d’ailleurs dit Guillaume Meurice pendant sa chronique : “Il y a des choses qu’on peut dire. Par exemple, si je dis : Netanyahu est une sorte de nazi mais sans prépuce, c’est bon. Le procureur, il a dit c’est bon“.

La convocation de Guillaume Meurice a vivement fait réagir au sein de la rédaction et au sein de la sphère politique, notamment à gauche. Lors de la dernière émission du “Grand Dimanche Soir“, le siège de l’humoriste a été symboliquement laissé vide. “Guillaume n’a pas le droit d’être avec nous ce soir, Inter l’a envoyé en internat pour le remettre dans le droit chemin” a ironisé Charline Vanhoenacker, animatrice principale de l’émission.

Guillaume Meurice est très soutenu par la rédaction et par son équipe, ce qui est une force. Plusieurs chroniqueurs ont dit leur soutien à Meurice jusqu’à la chronique éclatante de Djamil Le Shlag qui a repété les propos polémiques sous les applaudissements du public. Puis, il a annoncé qu’il quittait France Inter d’une façon très directe : “Je reviens sur la direction de France Inter. Vous pensez faire peur à qui avec vos menaces de mise à pied ? Perso, je suis un Arabe en France, j’ai toujours été menacé de me faire virer. (…) J’en tire les conclusions en me retirant du service public après l’émission, c’était ma dernière chronique. (…) Dans cette station, je ne me sens plus dans mon safe space.”

Un appel à la grève de six syndicats

Le 06 mai, les syndicats de Radio France ont publié un préavis de grève commun. Dedans, ils dénoncent la casse sociale organisée selon eux par la direction : “[…] La direction de Radio France, loin de défendre les intérêts vitaux de l’entreprise, mène une politique de casse sociale sur les antennes en bouleversant les grilles et en sacrifiant des émissions emblématiques“.

Dans ce préavis, les syndicats évoquent le cas de France Inter : “En particulier sur France Inter, dont la marque de fabrique est l’insolence et la liberté de ton depuis la fin de l’ORTF, des menaces pèsent sur des émissions populaires et singulières, que seul le service public peut produire“.

Les syndicats appellent l’ensemble des salariés de Radio France à “cesser le travail le 12 mai 2024 entre 00h00 et minuit” et annoncent les revendications à la Direction de Radio France :

  1. La défense des personnels contre toute-forme de pression et de dénigrement extérieurs
  2. Le respect par l’employeur de son obligation de protection et de sécurité de ses salariés
  3. La résorption de la précarité sur les antennes
  4. La fin de la répression de l’insolence et de l’humour
  5. La préservation de l’identité et de la singularité de ses chaînes
  6. La réaffirmation sans limite de la liberté d’expression sur nos antennes

La crise sociale à Radio France semble lancée et le contexte social tendu. Par ailleurs, la grève devrait se dérouler dimanche, jour de diffusion de l’émission où Guillaume Meurice officie.

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