POUVOIR D’ACHAT – Vous entendez sûrement parler depuis quelques jours dans les médias du fait que le gouvernement souhaite autoriser les distributeurs de carburants à “vendre à perte”. Mais alors, c’est quoi au juste ?

Oui, ça n’aura échappé à personne, mais le prix du carburant a drastiquement augmenté sur l’année qui vient de s’écouler. Cela est dû à plusieurs facteurs : l’inflation galopante suite à la guerre Russie-Ukraine, le contexte post-Covid et l’augmentation drastique du prix du baril de pétrole. À plusieurs reprises, le gouvernement avait dégainé plusieurs armes : une indemnité carburant de 100€ et une remise gouvernementale de 30 centimes en Métropole. La remise gouvernementale a pris fin en mi-novembre 2022.

Depuis, le prix vacille et peut rapidement s’envoler. Aujourd’hui (le 18/09/2023), les prix moyens au litre selon Carbubu sont encore très hauts : 1,995€ le litre de gazole, 1,984€ le litre de Sans-Plomb 95 et 2,025€ le litre de Sans-Plomb 98. Face à cela, le gouvernement souhaite réagir et de façon plus directe. C’est pour cela que la Première Ministre Elisabeth Borne a annoncé que les “gros industriels” seraient autorisés à vendre le carburant “à perte” pendant une durée de six mois. Mais alors, ça veut dire quoi et quels sont les impacts sur les prix ?

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Vendre à perte, quésaco ?

Déjà, il faut savoir que cette mesure sera presque inédite et bouleversante. En effet, la vente à perte est interdite en France puis 1963. La vente à perte, c’est “revendre ou d’annoncer la revente d’un produit en l’état au-dessous de son prix d’achat effectif” selon la DGCCRF. Pour autant, la vente à perte est autorisée dans certains cas précise la DGCCRF : une cessation d’activité commerciale (les fameuses liquidations), les fins de saison (soldes été et hiver) ou encore si des “produits périssables sont menacés d’altération rapide”.

Quel impact sur les prix ?

Invité du Grand Jury de RTL ce dimanche, Olivier Véran annonce la couleur : “On parle quasiment d’un demi-euro potentiellement en moins par litre” tout en précisant que l’essence ne va pas tomber à 1,40€ pendant six mois.

Si on applique ce demi-euro en moins avec la situation actuelle, ça donnerait quoi ?

Avec la vente à perte (selon les propos de M. Véran), selon la moyenne des prix en France le 18/09/2023 (source : Carbubu) :

  • 1,455€ le litre de gazole en moyenne (1.955€ actuellement)
  • 1,484€ le litre de SP95 en moyenne (1,984€ actuellement)
  • 0,55€ le litre d’E85 en moyenne (1,05€ actuellement)
  • 0,506€ le litre de GPL en moyenne (1,006€ actuellement)
  • 1,46€ le litre de SP95-E10 en moyenne (1,96€ actuellement)
  • 1,525€ le litre de SP98 en moyenne (2,025€ actuellement)

Ces chiffres restent à prendre avec des “pincettes”, car des différences peuvent se voir sur différents territoires. Mais l’on peut voir que cette mesure pouvait avoir un aspect positif pour le consommateur. Reste à voir si cela va tenir dans le temps.

Une autre question se pose : est-ce que cette mesure ne met pas en difficulté les distributeurs indépendants ?

En effet, les grands groupes sont capables économiquement de tenir “longtemps”, en comparaison avec les distributeurs indépendants qui parfois ne peuvent pas toujours suivre. Cela peut donc créer une situation de “concurrence déloyale”. Invité de FranceInfo, Frédéric Plan partage cette crainte :

“Soit elles vendent à perte et la banque ne leur prêtera plus d’argent pour la trésorerie, le fournisseur de produits pétroliers ne leur vendra plus de produits parce que ce sont des entreprises qui vont [être] en situation de faire faillite, explique-t-il. Soit elles ne peuvent pas le faire, et elles ne vendront pas d’essence [car elles ne seront pas compétitives] ou très peu, pour les dépannages.”

Frédéric Plan, délégué générale de la Fédération française des combustibles, carburants et chauffages.

Outre l’aspect financier, il est important de rappeler que pour les supermarchés par exemple, le carburant est un “produit d’appel”, c’est-à-dire un produit phare affiché à un prix attractif pour attirer les consommateurs dans sa zone de vente. Néanmoins, cette autorisation de vendre à perte peut être compensée par la hausse des prix d’autres produits. C’est possible, mais le gouvernement surveillera probablement les évolutions pour que cela ne se répercute pas sur les produits du quotidien.

Quand cette vente à perte va commencer à s’appliquer ?

Chers automobilistes, il va falloir encore un peu patienter. Bruno Le Maire, ministre de l’économie a annoncé ce 18 septembre sur France 2 que cette mesure entrera en vigueur le 1er décembre pour une durée de six mois. Cette mesure sera examinée à l’Assemblée Nationale dès le début du mois d’octobre. Il est important de légiférer, car cette autorisation exceptionnelle n’entre pas dans les autorisations habituelles de vente à perte.

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