Au cœur de la Cité internationale de la langue française, fleuron de la francophonie

Depuis novembre 2023, la Cité internationale de la langue française est accueillie dans un patrimoine d’exception, le Château de Villers-Cotterêts, anciennement domaine royal de François Ier

CULTURE – Depuis novembre 2023, la commune de Villers-Cotterêts (Aisne) accueille la Cité internationale de la langue française, nouveau musée censé promouvoir la culture de la langue française et de la francophonie. Est-ce que le lieu tient ces promesses ? Je m’y suis rendu pour vous et vous donner mes impressions sur ce lieu haut en couleurs et en grammaire !

Elle est toute neuve. La nouvelle Cité internationale de la langue française est désormais ouverte au public depuis novembre 2023, juste après l’inauguration en grande pompe par Emmanuel Macron fin octobre 2023. C’est l’un des deux grands projets lancés par le Président durant son quinquennat en y rajoutant la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris qui est sur le point d’être terminée par ailleurs. Une tradition pour les Présidents de la République qui chacun à leur tour lancent des projets : on se souvient de François Mitterand avec la Bibliothèque Nationale de France et de Jacques Chirac avec le Musée du Quai Branly.

Deux objectifs : promouvoir et fêter la langue française

L’objectif de la Cité internationale de la langue française est double : promouvoir et fêter la langue française à travers tous ses modes d’expression. Que ça soit l’écriture, la lecture, l’oralité, le théâtre, le cinéma, les spectacles d’humour, tout y est représenté.

La promesse est grande. Dans le dépliant que j’ai pu me procurer directement sur place, on peut y lire : « Ouverte au monde et ancrée dans son territoire, la Cité internationale de la langue française est un lieu culturel et de vie. Elle relie le passé, le présent et le futur de la langue française et de la francophonie ». Est-ce que cette promesse est tenue ?

Une Cité hébergée dans un patrimoine d’exception

Tout d’abord, j’ai été amplement surpris par la beauté du lieu qui accueille ce nouveau haut lieu de culture. La Cité internationale de la langue française est hébergée dans le château de François 1er. Ce choix n’a d’ailleurs pas été fait au hasard : il s’agit du lieu où François 1er, alors Roi de France a signé en août 1539 l’ordonnance de Villers-Cotterêts dans laquelle il impose désormais la langue française dans les actes administratifs et juridiques, ouvrant ainsi la voie à une généralisation plus large de la langue. Cette ordonnance est d’ailleurs souvent évoquée dans le parcours de visite et l’on pourra voir dans la chapelle du château un hommage par écriteau.

Le lieu en lui-même est tout simplement sublime. Et il a vécu de nombreuses vies. D’abord une résidence royale et considéré comme un domaine royal, le château sera récupéré, considéré comme un bien national et deviendra par la suite un dépôt de mendicité lors de la Révolution. Il y accueillera un millier de mendiants, de délinquants qui viennent de la ville de Paris. C’est en 1889 qu’il est décidé de le transformer en maison de retraite, fonction qu’il gardera jusqu’en 2014, date à laquelle celle-ci aura quitté les lieux, considérant le château comme non adapté aux besoins des résidents. Il est par la suite laissé à l’abandon.

C’est en 2017, avec l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Elysée que l’édifice va se voir donner une nouvelle destinée. Après un appel à idées pour l’avenir du monument lancé par l’État, il est décidé d’en faire une Cité internationale de la langue française.

Un parcours de visite inspirant et interactif

L’immense bibliothèque de la Cité ouvre le parcours de visite. Des chefs-d’œuvres de la francophonie y sont présents.

Outre l’aspect magnifique des lieux, le parcours de visite est très enrichissant. Un vrai voyage à travers le passé de la langue française, le présent et le futur de la langue et de la francophonie.

À travers trois séquences, le musée vous engage dans un parcours de visite inspirant. Vous pourrez y découvrir des outils de médiation au public intéressants, des objets de la culture française et une manière d’aborder la langue française qui est quasi inédite.

Le point fort de ce musée, ce sont les décors qui sont parfois impressionnants et à couper le souffle. En témoigne cette magnifique bibliothèque, composée de classiques et de chefs d’œuvres écrits par des autrices et auteurs français et/ou issus de la francophonie. Cela permet d’aborder la lecture avec des publics qui n’y sont pas forcément habitués ou sensibles. Des petits jeux et espaces de découverte étoffent la sélection de livre déjà placés, allant du livre jeunesse au livres traitant de sujets sociologiques en passant par des éditions rares des contes de La Fontaine ou des livres merveilleux de Jules Verne. On y trouvera également juste à côté un petit écran où sont retransmis des extraits de spectacle de grands humoristes français et une sélection musicale faite avec grand soin. L’on notera aussi la présence de cette magnifique salle qui s’offrira à vous après la bibliothèque et colorée au demeurant qui retracera à travers des témoignages l’utilisation de la langue française. J’ai été frappé par cette étonnante et impressionnante collection du Petit Prince d’Antoine de Saint Exupéry édité dans de nombreuses langues. Un écran interactif vous montrera notamment une traduction de mots français dans différentes langues.

Un second espace vous montrera comment la langue française a pu s’adapter à son temps, évoluer avec l’influence d’autres civilisations et d’autres langages. Gros point positif sur ce magnifique dispositif placé dans une salle où l’on vous montre en vidéo et de façon très visuelle l’évolution d’un mot en partant de sa composition d’origine jusqu’à sa composition dans la langue française. Les mots démarrent souvent du Grec, du Latin, des langues hispaniques ou d’Inde. On notera par ailleurs la présente insolite du Breton ! J’y suis resté quelques minutes en étant complètement hypnotisé par ce dispositif comme d’autres visiteurs par ailleurs.

Le dispositif était présent sous cette coquille blanche. Un écran 360° diffusait régulièrement des vidéos montrant comment les mots évoluaient selon les pays.

Des jeux ont également été pensés et mis en place dans différentes salles, ce qui renforce les échanges entre visiteurs. On y trouvera un jeu interactif où sont placés des bornes devant un film, à la manière d’une émission de télévision type Grand Concours des Animateurs. Vous aurez le choix du mot que les acteurs à l’écran vont utiliser dans une sélection de mots préalablement choisis par les animateurs qui annonceront une définition : à vous d’utiliser le bon mot !

Je n’ai malheureusement pas pu tester les autres « jeux » mis à notre disposition dans le parcours de visite au vu du nombre important de visiteurs mais les différents dispositifs avaient l’air intéressants et certains se destinaient plus à des cibles jeunes comme des enfants.

Un troisième espace traitera plus de l’aspect étatique de la langue française et de comment elle a été intégrée dans les différents dispositifs de l’État français. Aujourd’hui, nous écrivons, nous parlons, nous lisons et nous voyons en langue française, mais il faut se dire qu’il y a encore un siècle ce n’était pas une norme. Avec notamment la signature par François 1er de l’ordonnance de Villers-Cotterêts dont je parlais en début d’article, on observe une uniformisation et une généralisation plus importante de la langue française dans l’aspect étatique de la vie publique.

Alors cette Cité, elle en vaut le coût ?

C’est un grand oui ! La Cité internationale de la langue française est le premier musée / monument national qui a su me faire ressentir différentes émotions à travers les différents espaces du parcours de visite. De l’étonnement à la découverte de livres de Claude Ponti dans la bibliothèque présente dans le premier espace à la stupéfaction en voyant l’ensemble des exemplaires du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry en plusieurs langues, la Cité internationale de la langue française tient sa promesse.

Adressée à tout public, je conseille néanmoins les jeunes parents d’attendre un âge raisonnable pour faire découvrir le musée à des enfants. Mais même en étant adulte, on découvre des choses extraordinaires sur la langue qui nous anime chaque jour !

La signalétique, l’aspect audiovisuel et les dispositifs de médiation sont parfaitement réalisés et vous permettent une réelle immersion au cœur de la francophonie. On appréciera la collaboration entre la Cité et le gouvernement du Québec pour la conception d’une partie de l’exposition, c’est tellement agréable d’entendre l’accent québécois ! On notera également l’extrême gentillesse du personnel, de la sécurité aux agents de surveillance. Je pense que chaque visiteur peut vous remercier pour l’accueil que vous réservez.

Accessible facilement en voiture, la Cité internationale de la langue française est idéalement placée entre le sublime Château de Pierrefonds, le Domaine National du Château de Coucy et la Cathédrale de Reims (+1h de route)

En résumé, foncez visiter la Cité internationale de la langue française, vous ne serez pas déçus du voyage !

Tarification

  • Tarif individuel : 9€
  • Billet jumelé Cité internationale de la langue française et le château de Pierrefonds : 15€
  • Billet triplé Cité internationale de la langue française et les châteaux de Pierrefonds et de Coucy : 20€
  • Gratuité pour les moins de 18 ans, pour les 18-25 (ressortissants des pays de l’UE), pour les PMR et leur accompagnateur, pour les demandeurs d’emplois et pour les détenteurs du Pass Éducation

Le musée est gratuit pour les -18 ans et jusqu’à 25 ans sur simple présentation d’une pièce d’identité ! Profitez de notre beau patrimoine !

Pour aller plus loin
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